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19, rue du Colonel Fabien
Héliane Donatien
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Elle
est construite en 1929-30 sur
Les deux maisons jumelles
Son
originalité vient de ce qu’elle est le résultat d’une alliance entre deux amis
qui décident de faire construire deux pavillons jumelés, avec un seul mur
séparatif mitoyen, sur un terrain relativement réduit, au moyen de 2 prêts
contractés auprès de
Les
deux amis s’appellent Edmond Lucas et Louis Grolleau (qui n’aura pas la
chance de son nom). Ils ont tous deux
Edmond
Lucas installe son foyer au n°19. Il est marbrier (ce qui explique qu’Héliane
trouvera plus tard quantité de plaques de marbres dans son jardin !).
Louis
Grolleau et sa famille prend possession du n°21.
Les
deux amis créent autour d’eux une bonne entente entre voisins car pour plus de
confort et obtenir le gaz de ville, il faut faire monter la colonne de gaz qui
s’arrête dans
Pour
cela, une convention est conclue entre la compagnie du gaz de Versailles et les
propriétaires suivants : Elie Besnard (arrière grand-père de François) qui
sera chargé de rassembler les fonds et se branchera au passage, Fernand
Jaloustre (maison actuelle des Topalian) qui en fera autant, puis les deux
nouveaux propriétaires et enfin Pierre Hibert (maison de Vincent et Nathalie
Firmin).
Cette
convention sur laquelle nous retrouvons les signatures originales, explique la
servitude de passage de
L’environnement
est agréable et tout semble aller pour le mieux.
La maison du n°21
Soudain,
tout bascule.
Louis
Grolleau meurt dans son pavillon encore tout neuf le 19 Juillet 1934, à l’âge
de 35 ans, laissant une veuve et deux orphelins, aux prises avec les
liquidateurs judiciaires de
La
suite ne se fait pas attendre : Yvonne Grolleau, 34 ans, est sommée de
rembourser l’intégralité de la dette de la maison : capital et intérêt, ce
que, évidemment, elle est incapable de faire. Les créanciers vont donc entamer
la procédure de vente du pavillon.
En
fait, les choses vont traîner car il y a d’un coté la faillite et de l’autre
les enfants mineurs. Puis survient la guerre et le pavillon n°21 ne sera mis en
adjudication qu’en 1943, et la vente définitive avec les intérêts courus depuis
1934, n’interviendra qu’en 1947.
Dés
1935, Yvonne Grolleau, après la mort de son mari, se réfugiera avec ses enfants
à Paris, prés de ses parents. Cependant, elle restera avec ses deux garçons,
héritiers mineurs de leur papa, propriétaire en titre de cette maison, qui
restera vide jusqu’en 1941.
A
cette date, elle est réquisitionnée par l’administrateur de la commune de
Viroflay, faisant office de maire sous l’occupation allemande, au profit d’une
famille demeurant à Vélizy-Villacoublay, qui vient d’être victime d’un
bombardement par les forces aériennes alliées.
Mauricette
et moi faisons alors connaissance avec Monsieur et Madame Maurice et Alice
Guingamp et leurs trois enfants : Michel 9 ans, Yolande 8 ans (qui deviendra
une bien jolie fille dit Emile Mandonnet), et Gérard 4 ans.
Nous
avons retrouvé la famille à Fontenay le Fleury où elle demeure depuis 1968.
Nous saluons respectueusement madame Alice Guingamp qui a 89 ans, la mémoire de
monsieur décédé en 1985, et disons le bonjour à toute la famille.
La maison du n°19
Après
la mort prématurée de leur ami Louis Grolleau et les ennuis créés par la
faillite du prêteur, Edmond Lucas et son épouse n’ont plus envie de demeurer
dans cette maison qu’ils affichent “ A vendre ” dés 1936.
A
cette époque, une famille parisienne petitement logée avec deux garçons
turbulents, cherche à louer une maison en banlieue.
Madeleine,
la maman, est amie avec une personne qui habite le parc du Mesnil (à Chaville
tout proche) et qui lui parle avec enthousiasme de notre quartier de verdure et
de calme aux bords de la forêt de Fausses-Reposes.
Louis,
le papa, vient faire un tour et constate que cette maison est “A vendre” et
ferait bien l’affaire de ses deux garçons : Bernard 8 ans et Daniel 5 ans.
Daniel
Adt, 30 ans plus tard, sera la
matière grise et fera partie du trio : Caquet, Adt et Lemaire qui concevra
le projet d’une nouvelle rue, pour faire sortir le “ Colonel Fabien ”
de ses ornières, mais pour l’instant, il s’amuse beaucoup avec son frère
Bernard.
Louis
Adt n’a pas l’intention d’acheter lui même la maison mais il en parle à son
employeur.
Le
docteur Moure, son Patron, chirurgien des Hôpitaux de Paris a pour Louis Adt une
estime considérable. Après l’avoir embauché comme chauffeur de Maître en 1923,
il est devenu infirmier, son assistant opératoire préféré.
Le
docteur Paul Moure n’hésite pas un seul instant : par un acte de vente du
13 Mars 1936 de Mr et Mme Edmond Lucas à Mr le docteur Moure, il acquiert la
maison libre du n°19 qu’il loue à “ son cher Louis ”.
Laissons
Daniel raconter :
“ Donc en 1936 débarque
Peu de temps après, le docteur
acquiert pour le compte de Louis une parcelle située entre le 21 et la sente de
la procession où existait un garage. Le garage fut retiré, ce qui nous permit
d’étendre notre jardin sur l’ensemble de la surface actuelle (Cela fut bien bénéfique
pendant l’occupation). ”
Le
texte de l’acte de vente de ce terrain daté du 22 Décembre 1936, précise qu’il
a la forme d’un parallélogramme d’une contenance de
Il
précise aussi que le garage en fibrociment qui se trouve sur le terrain reste
la propriété des vendeurs qui s’engagent à le déplacer au cours de l’année
1937.
Ce
garage effectivement déplacé et plus tard incendié, restera dans les souvenirs
d’Héliane. Elle vous le dira elle-même.
“ En 1939, continue Daniel, lors de la déclaration de guerre, nous
étions en Limousin avec maman chez nos grands-parents.
Papa fût mobilisé. En 1940, à notre
retour, après la suspension des hostilités, nous retrouvons notre maison pillée
par les allemands.
Entre 1941 et 1944, le jardin
magnifiquement cultivé par papa, nous fournit le complément de nourriture tant
apprécié. Nous cultivons également une parcelle louée dans le terrain de Mr
Boulay (le papa de Mauricette
avait la garde du “ champ ” appartenant aux époux Van
Goëns-Jezequel). Il y avait d’autres
jardiniers. ”
Mr
et Mme Louis Adt sont témoins, en 1943, de l’événement créé par la vente aux
enchères publiques de la maison voisine du 21. Averti, le Dr Moure qui possède
déjà le pavillon du 19 et le terrain situé au dessus du 21 ; se porte
enchérisseur. La mise à prix est de 50.000 francs (de l’époque). Il fait monter
les enchères à 180.000 francs et remporte l’adjudication.
Pour
les raisons déjà dites, la vente définitive n’aura lieu, selon l’acte officiel,
que le 31 décembre 1947.
Entre
temps, le 13 octobre 1947, un nouveau malheur viendra frapper
1948 :
tout en continuant de louer les deux maisons qui lui appartiennent, le docteur
Moure qui a maintenant 65 ans, juge opportun de prendre sa retraite dans les
Pyrénées Atlantiques.
Mais
sa décision subite surprend son homme de confiance qui, du jour au lendemain,
se retrouve sinon sans logement, au moins sans emploi, à l’âge de 48 ans, après
25 ans de bons et loyaux services, tandis que ses deux fils qui ont respectivement
20 et 17 ans poursuivent leurs études.
Qu’à
cela ne tienne, Louis Adt qui connaît la radio et l’électricité se retrouve,
nous dit Daniel, électricien responsable du service entretien du cynodrome de
Courbevoie (Courses de lévrier dans le stade voisin de la gare de Courbevoie).
Mais
les lévriers s’arrêtent de courir en 1951 !
Louis
devient alors chauffeur de taxi.
A
ce titre et à celui d’infirmier, il rend de grands services à tous ses voisins.
Emile Mandonnet se souvient de sa gentillesse et aussi de son chien
“ Figaro ”.
Mr
et Mme Louis Adt, après l’envol de leurs garçons, resteront encore longtemps
parmi nous et nous témoignons, Mauricette et moi, de leurs qualités de sourire
et de disponibilité. Ils sont partis en retraite à Rochechouart en Haute Vienne
en 1963 et sont décédés Louis en 1985 et Madeleine en 1992, dans leur 86ème
et 87ème année.
Merci
à Véronique et à Fabienne Adt pour le bon souvenir que nous ont laissé leurs
grands-parents.
1964 : La réunion des 2 maisons :
Le
départ pour la province des parents de Daniel inspire aux parents de Véronique
Adt qui vient de naître le 8 Juin 1964, l’idée d’acheter les deux maisons dans
le but de les unifier un jour.
Cela
a lieu sans tarder car les consorts Moure acceptent bien volontiers de vendre
aux consorts ADT la totalité des propriétés des 19 et 21 de la rue du Colonel
Fabien, en date du 31 Juillet 1964.
Après
la naissance de Véronique, Héliane a ramené sa fille au 8 de
Héliane
n’oubliera jamais ce jour là. Elle raconte :
“ Il faisait très chaud en ce début de
Juillet. En arrivant avec mon nouveau né, j’aperçois des flammes qui sortent du
garage plus ou moins abandonné, situé un peu au dessous de la maison de Mr et
Mme Mandonnet.
En quelques minutes, le feu se
propage à l’énorme châtaignier pourtant encore tout vert, situé à quelques
mètres du garage et le châtaignier s’enflamme à son tour et se transforme en
brasier d’une intensité effrayante.
Les pompiers sont arrivés mais n’ont
rien pu faire. Ils cherchaient de l’eau partout mais tout a été détruit :
le garage et l’arbre. Je m’en souviendrai toute ma vie. ”
Comme
il fallait s’agrandir,
Daniel
et Héliane font don à la Commune de Viroflay de nombreux mètres carrés de
terrain, pour l’élargissement de la rue du Colonel Fabien et la sente de
Héliane
parachèvera le tout avec la construction d’un garage, lui permettant de
protéger sa voiture et d’éviter bien des ennuis.
C’est
dans ce garage, qu’au soir d’une tournée forestière, en 1991, l’Association de
la Rue du Colonel Fabien dégusta le délicieux punch au rhum blanc de la
Martinique, dont seule Héliane a le secret.
Notre amie, qui est
maintenant grand-maman, a été notre présidente de l’Association de la rue du
Colonel Fabien, pendant plusieurs années, entre les règnes de Susan Clot et de
Sabine Besnard.
Nous la remercions pour sa
gentillesse et sa discrétion, notamment lorsqu’il s’est s’agi de redonner à son
propriétaire légal, la bande de terrain de
C’est elle aussi qui a
voulu ne pas faillir à la tradition, en nous laissant le souvenir du punch
merveilleux de sa Martinique natale, pour mettre en route la dernière
rencontre du 30 juin 2007 pour l’au-revoir
à tous nos amis du quartier des Sables.